Petits théâtres by Erín Moure , Translated by Daniel Canty
Finalist for QWF Translation Prize in 2016

Con augas pasadas non moven muiños – « le courant qui passe ne fera pas tourner la meule ». Les poèmes de Moure, avec cette idée derrière la tête, s’aventurent dans de petits territoires de perplexité – l’eau, la langue, emportant les sons du galicien dans notre français. En ces temps troubles et tristes, les langues – rendues violentes par les rhétoriques du commerce et de la guerre – portent de nombreuses blessures. Les poèmes de Petits théâtres accueillent de nouvelles sonorités, des gouttelettes, comme si elles pouvaient nous aider à nous reprendre, un tant soit peu, tranquillement, sans nous blâmer, pour que nous puissions de nouveau supporter nos langues et nous ouvrir à l’autre.
Extract
Un homme repose dans les bras d’une femme
sa peau est bleue et ses lèvres sont bleues
et son torse est une fourche
aplatie aux dents bleues
Peut-être est-il mort, peut-être rêve-t-il
peut-être se souvient-il que la loi l’a fauché
il a fermé les yeux
ses yeux sont ouverts
son torse est une fourche
Sa tête est toute petite, barbue de fils […]
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